Un séminaire sur le Yémen médiéval

Haid Al-Jazil (Wadi Dawan, Yémen)

Le jeudi 26 novembre 2020, de 14h à 16h, l’équipe du CEMM aura le plaisir d’accueillir un séminaire sur le Yémen médiéval. En raison des mesures sanitaires en vigueur, le séminaire aura lieu en ligne. Toute personne intéressée peut demander les liens de connexion à M. Thomas Granier (adresse e-mail à cette page).

Intervenant et titre

Zacharie Mochtari de Pierrepont, “Le pouvoir des saints dans le Yémen médiéval : construire et refléter les formes de l’autorité dans le sultanat rasûlide (626-858/1229-1454)”.

Résumé

L’essor du culte des saints dans le monde musulman médiéval souligne l’émergence dans la plupart des régions du dâr al-islâm de plusieurs sanctuaires, réputés bénis, qui se développèrent entre le VIe/XIIe et le IXe/XVe siècle. Bien souvent, ils se constituèrent autour d’espaces mortuaires de familles douées de baraka et considérées comme saintes, appartenant aux milieux savants, juridico-religieux ou mystiques. L’étude de ces familles et de ces espaces se fonde surtout sur des textes historiographiques et hagiographiques, qui font la part belle aux miracles et aux charismes des hommes et femmes dont les tombes furent l’objet de visites pieuses (ziyâra). Le culte des saints apparaît donc a priori dans l’historiographie médiévale sous la forme de topoï littéraires et d’exempla idéalisant la vie et le rôle social des figures de la sainteté. 

Nous proposons dans cette présentation, en nous appuyant sur l’exemple des sanctuaires de la Tihâma yéménite médiévale et des familles saintes qui apparaissent à l’époque du sultanat rasûlide (626-858/1229-1454), de déconstruire certains récits biographiques qui les mirent en scène. Au-delà de questionsconcernant le religieux et la sainteté, nous verrons que l’étude des vies de saints et de la formation des sanctuaires permet de distinguer une histoire de l’autorité et du pouvoir au sein même du sultanat rasûlide. 

Nous soulignerons ainsi que l’historiographie rasûlide s’attacha particulièrement aux lignages bénis de la Tihâma du Nord, aux figures des saints patrons de villages (sâhib-s) et à leurs espaces de visites pieuses. Cet intérêt fut l’objet d’une construction narrative progressive, entre le VIIe/XIIIe siècle et le IXe/XVe siècle, par strates, faisant écho à une transformation graduelle des rapports de force entre la dynastie sultanienne et les aristocraties régionales. L’intérêt constant de l’historiographie yéménite pour les saints et leurs sanctuaires n’est donc pas seulement le reflet d’une évolution de la piété ordinaire ou de formes du discours attachées à l’illustration de normes morales et savantes ou de comportements mystiques. Il est aussi la trace de l’établissement de nouvelles autorités politico-religieuses dans la Tihâma du Nord, les sâhib-s bénis, figures d’une autorité spirituelle de plus en plus mises en scène comme détentrices d’un pouvoir temporel.

Les étudiant.e.s qui doivent préparer un compte rendu de ce séminaire peuvent consulter la méthodologie de rédaction d’un compte rendu suggérée dans ce billet.

 

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