Cinq thèses financées en 2024 !
Tous les ans, l’École Doctorale 58 propose plusieurs contrats doctoraux permettant aux étudiants d’obtenir un financement pour trois ans. Cette année ce sont trois étudiants qui ont été retenus pour un contrat doctoral, ainsi que deux autres pour un contrat CIFRE !
Trois contrats doctoraux
MAXIME DOCTEUR prépare une thèse en musicologie médiévale sous la direction de Gisèle Clément et la codirection d’Elsa de Luca. Ses recherches portent sur la création, l’utilisation et la transmission de la notation aquitaine neumatique carrée, notation qui n’est que très peu présente dans les sources manuscrites du XIe et XIIe siècle avant de se généraliser au cours du XIIIe siècle. Beaucoup d’études ont analysé la notation aquitaine mais celles qui se sont focalisées sur la variété notationnelle dite “carré” ne sont que très marginales. Par conséquent, il est difficile de définir des espaces-temps corrects pour les manuscrits qui contiennent ce type de notation musicale et il est donc nécessaire d’analyser les sources afin d’en extraire des données paléographiques et sémiologiques. Tous ces manques mènent à des erreurs de datation et de compréhension des corpus musicaux. C’est en partie la situation que ce projet de thèse vise à régulariser.
Après une étude paléographique de toutes les sources recensées (une quarantaine) où il sera aussi question de la pertinence d’une compréhension globale des figures neumatiques comme expression inaltérable de la fonction par le signe, il sera nécessaire de se pencher sur une possible valeur interprétative (dans le chant) de certains neumes. Cette thèse se conclura avec la création d’un concert autour du corpus de l’office de saint Baudile présent dans le manuscrit 15 de la Médiathèque Pierre-Amalric d’Albi, office qui a été le sujet de nos deux travaux de mémoire et l’inspiration pour entreprendre cette thèse.
NICOLAS DOUTEAU, ancien étudiant du Master Mondes Médiévaux, prépare un doctorat sur les serments de fidélité entre les seigneurs latins et l’empereur byzantin du XIe au XVe siècle, sous la codirection d’Isabelle Augé et de Marie-Anna Chevalier. Pour mener à bien cette recherche, le projet MIRANDA finance son projet via un contrat doctoral. Son étude se concentre sur un large Orient méditerranéen et envisage d’appréhender la pratique du serment de fidélité comme un fait sociétal et culturel, par le prisme de la cérémonie et de tout ce qui l’entoure. L’adoption et l’adaptation de cette pratique occidentale par l’empereur byzantin à des fins diplomatiques permettra d’analyser l’évolution de l’idéologie impériale sur une période de quatre siècles.
Le serment médiéval est extrêmement codifié et la cérémonie dans laquelle il s’insère se rapproche d’un spectacle. L’organisation de l’espace, le placement des participants et des témoins, les différents rituels, les paroles prononcées : tout s’entremêle dans une mise en scène où rien n’est laissé au hasard. Afin de décrire au mieux ces cérémonies, d’en restituer toute la gravité et l’émotion et de valoriser ses recherche auprès d’un public plus vaste, Nicolas Douteau envisage de réaliser des restitutions historiques sous la forme de courts-métrages documentaires. Ces reconstitutions s’intègrent dans la mouvance actuelle de l’Histoire vivante, discipline qui se développe de plus en plus afin de valoriser notre patrimoine.
ROLLAND MAHEUX, après son Master Mondes Médiévaux, prépare une thèse , sous la direction de Thomas Granier et de Rosa Benoit-Meggenis, sur la Sicile et les différentes populations qui ont occupé cette île entre le VIe et le XIIe siècle. Des populations byzantines s’installent en Sicile dès 535; au siècle suivant des raids arabo-musulmans furent lancés suivis par une première tentative de conquête au VIIIe siècle. La prise de la Sicile ne débuta toutefois qu’en 826 avec le débarquement de l’armée de l’émir aghlabide venu de la province abbasside de l’Ifrīqiya. A partir de 1061, les Normands s’imposent peu à peu en Italie Méridionale puis à leur tour sur la totalité de la Sicile en 1091.
L’ensemble de ces événements constitue ce projet de thèse. L’ambition de cette recherche est de définir les enjeux qui ont poussé tour à tour Byzantins, Abbassides, Fatimides et Normands à conquérir l’île méditerranéenne. Cette étude des populations, de leurs interactions, de leurs besoins au cours des siècles aura, par définition, une nature comparative, puisque ce travail se porte sur plusieurs groupes d’individus. L’étude des textes en langue grecque, arabe et latine mais aussi les diverses sources offertes par l’archéologie, la numismatique et l’iconographie seront exploitées.
Deux contrats CIFRE
La thèse préparée par LAURA ATTARDO, s’inscrit dans la continuité de ses recherches de Master Mondes Médiévaux réalisées sous la direction d’Alessia Trivellone. Malgré la grande renommée du monastère de Cluny et la multitude de travaux qui lui sont dédiés depuis plus d’un siècle, la production iconographique clunisienne demeure largement inexplorée. Ce projet de thèse se propose d’étudier les manuscrits enluminés à Cluny du Xe à la fin du XIIIe siècle et de mener une analyse d’ensemble des enluminures afin d’appréhender la spiritualité, l’ecclésiologie et l’anthropologie des moines de la communauté. En intégrant les travaux dédiés à l’ecclésiologie clunisienne jusqu’ici menés à travers les sources écrites, cette étude mettra en valeur la richesse de ces sources iconographiques et permettra de percevoir l’histoire des moines clunisiens sous un jour nouveau.
Sous la direction d’Alessia Trivellone et d’Isabelle Rosé, université de Rennes 2, ce projet sera également appuyé par la Fédération Européenne des Sites Clunisiens dans le cadre d’un contrat CIFRE : les résultats des recherches scientifiques menées par Laura Attardo s’inscriront ainsi dans une perspective de promotion et de valorisation du patrimoine, notamment par le biais de Clunypédia. Ils permettront de sensibiliser tous les publics à l’histoire du monastère, mais aussi à celle des nombreux sites clunisiens de son réseau, afin de mettre en valeur leur identité culturelle unique
OLGA SINVOKA BARRERE prépare une thèse en Histoire de l’Art du Moyen Âge. Dirigées par Géraldine Mallet, ses recherches portent sur l’orfèvrerie religieuse du diocèse d’Elne (fin du XIIIe – début du XVIe siècle), sa production et ses usages liturgiques. Les églises du département des Pyrénées-Orientales, héritier du diocèse d’Elne et du comté nord-catalan de Roussillon, conservent des dizaines de pièces d’orfèvrerie médiévale. Perpignan, centre économique et politique, abritait à la fin du Moyen Âge une puissante corporation d’orfèvres, comme en témoignent de nombreux contrats, inventaires, testaments et autres sources.
Connus des érudits locaux, cités dans des catalogues d’exposition et dans un répertoire d’orfèvres, ces documents et les œuvres conservées n’ont suscité aucune étude systémique. Cette thèse, l’objet d’un partenariat CIFRE entre le CEMM, le département des Pyrénées-Orientales et l’ANRT, a pour objectif de combler cette lacune, dans une approche pluridisciplinaire. Propre à l’histoire de l’art, l’étude matérielle des techniques, des formes et de l’iconographie des croix de procession, reliquaires et vases liturgiques, donnera lieu à des comparaisons et des mises en série. Les pièces seront ensuite confrontées aux sources, dont les plus significatives seront éditées, ce qui mobilisera des compétences paléographiques. Une base de données et la cartographie des trésors disparus viseront à mieux valoriser ce patrimoine.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Mondes Médiévaux (18 novembre 2024). Cinq thèses financées en 2024 ! Master Mondes Médiévaux – Montpellier 3. Consulté le 23 janvier 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/12pj8
